Maligny

Histoire

Comme tous les d'Aguesseau, le fils Henri-Cardin était un esprit remarquable qui entra à l'Acadèmie française à 41 ans, et fut fait marquis par le Roi Louis XVI.

C'est lui qui fit construire le pont sur le Serin, entre Maligny et Villy dont l'étude avait été prescrite par son père. Sa mére versa une subvention de 6000 livres en 1786, pour en permettre l'achèvement.

II faut ,dire à ce sujet que, dès 1529, Chablis avait demandé la canalisation du Serein pour permettre l'envoi direct à Paris, par bâteaux, de ses vins. En attendant cette création, le Serein était utilisé pour faire voyager sur Paris, les bois de chauffage d'abord par le système dit " à bûches perdues ", puis ensuite dès 1566, par trains de bois. Le projet de canalisation rencontra une vive opposition de la part des religieux de Pontigny. lls arrétêrent les travaux commencés et les guerres de religion y mirent fin. Mais ce projet ne fut jamais abandonné. D' Aguesseau y tenait, et c'est pour permettre cette canalisation et le passage des péniches que le pont fut édifié aux grandes dimensions qui le font remarquer.

Nous arrivons à la Révolution. Henri-Cardin d' Aguesseau fut élu député de la noblesse, pour le bailliage de Meaux aux Etats généraux. Il céda un des premiers aux demandes des députés du Tiers-Etat à venir siéger avec eux. Il fut aussi parmi ceux qui votèrent l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 août. Il dut sans doute à cette attitude libérale, de ne pas être inquiété pendant la Révolution.

Toutefois le nouvel esprit qui se manifestait à Maligny lui déplut tellement qu'il vendit sa seigneurie le 11 mai 1791, à Jacques-Julien Devin, Président de la Chambre des Comptes, à Paris.

A ce moment, n'ayant plus aucun droit de justice, plus de cens, plus aucun de ces multiples impôts qui faisaient la fortune des seigneurs, le châtelain n'était plus qu'un gros propriétaire foncier, possédant des terres, des vignes, et surtout des bois, mais dont le rapport suffisait à peine à assurer le train de vie correspondant à l'importance du château. Mais heureusement, le nouvel acquéreur possédait aussi des rentes importantes.

A cette époque, Nicolas Viochot, curé de Maligny depuis 1761, avait été élu à 54 ans, député du clergé aux Etats généraux pour le bailliage de Troyes.

Avant la vente de Maligny, d'Aguesseau avait, en 1786, nommé régisseur du comté de Maligny, Isaac-Michel Rabé, avocat au Parlement de Paris. Ce régisseur était un homme de grande valeur que le Président Devin conserva, et à qui il donna toute autorité, lui-même habitant Paris de préférence.

Rabé et ses descendants occupèrent une place prépondérante à Maligny pendant près d'un siècle, et on les verra pendant cette période exercer une autorité au moins égale à celle des châtelains.